Shopping ... [Jessica]

Cela faisait bientôt une heure que je flanai dans les rues de San Francisco. Le soleil était au rendez-vous. Au vu de la chaleur, j'avais enfilé un mini short blanc qui mettait en valeur mes jambes et un haut rouge dont les ficelles s'attachaient dans le dos. Le tout avec des talons à semelles compensées qui me faisait gagner presqu'une dizaine de centimètre.

Jamais je n'aurai pu porter une tenue pareille en temps normal mais ici, en Californie, elle était plus que décente. Presque sage. Je m'appretai à prendre place à la terrasse d'un café lorsque j'apercu le centre commercial. Ca faisait quand même longtemps que je ne m'étais pas autorisé quelques folies. J'en avais les moyens mais jamais le temps. Je décidai de le prendre maintenant, mon verre attendrait.

D'entrée de jeu, j'avançai vers les magasins que j'affectionnais. Une drôle d'impression me fit m'arrêter. Je relevai mes lunettes de soleil dans mes cheveux. De loin, je vis un garçon s'approcher. Il était grand, les cheveux bruns et plutôt musclé. Mais surtout, j'avais comme une impression de déjà-vu. Alors qu'il s'approchait, je le reconnu : Alexander Lautner ! Il était encore plus séduisant que l'autre soir à la plage. Il ne m'avait pas vu.

Alex !! m'écriai-je en lui faisant un signe de la main

Je le vis regarder dans ma direction puis détourner vivement la tête. N'était-ce qu'une impression ou cherchait-il vraiment à m'ignorer ? Ou plutôt à me fuir. Je secouai la tête : non, c'était stupide. Pourquoi l'aurait-il fait ? Une explication plus logique s'imposa à mon esprit : peut-être ne m'avait-il tout simplement pas reconnue.

Je m'approchai de lui. Un mouvement imperceptible de la tête me fit comprendre qu'il m'avait entendu venir. Je me tenais maintenant derrière lui, à quelques centimètres. Je vis un muscle de son cou tressaillir, la où mon souffle touchait sa peau. Dans la vitre du magasin, nos regards se croisèrent.

Je posai une main sur son bras et enfin, il se retourna.

Salut Alex ! Tu ne m'as pas reconnu ? Jessica. L'autre soir sur la plage... Tu ne m'as quand même pas déjà oubliée ? Je serais très vexée ! dis-je avec un grand sourire complice.

Je vis qu'il faisait un effort sur lui pour me le rendre. Qu'est-ce qui n'allait pas ? On ne s'était pourtant pas quitté fâché et pour une raison incompréhensible, il semblait me faire la tête. C'était à n'y rien comprendre.

Il l'avait chuchoté. C'était un murmure inaudible, je n'étais même pas sûre de ne pas l'avoir rêvé. Cette phrase soupirée d'une voix douloureuse : Comment t'oublier ?
Fallait-il y voir un sens caché, et si oui, lequel ? Décidément, Alexander avait le pouvoir étrange de me déconcerter.

Il y avait dans ses yeux quelque chose qui semblait m'avertir de rester loin de lui. A mi chemin entre l'avertissement et la requête. Et pourquoi son regard se faisait-il si fuyant ? Beaucoup de questions et si peu de réponse. L'autre soir, il m'avait semblé être proche de lui, lié par un fil invisible. Et maintenant, à la lumière du jour, je me rendais compte qu'au fond, je ne savais rien de lui.

Et même si je m'efforcai de le cacher, j'étais décu qu'il ne veuille pas me laisser tenter de l'approcher, de le connaître.

Ca va Alex ? Tu m'as l'air distant. Quelque chose te tracasse ? On pourrait prendre un verre et discuter un peu. T'en dis quoi ? Je t'invite ! m'exclamai-je en passant mon bras sous le sien d'autorité.

Je fus surprise et epinée de la force et de la brusquerie avec laquelle il se dégagea. Lorsque je levai les yeux sur son visage, il me sembla qu'il était en colère contre moi. Presque furieux. J ele vis fermai les yeux comme pour tenter de se ressaisir.

Alex, j'ai du mal à te suivre. Un moment, on est amis et l'autre tu agis comme si... Qu'est-ce que j'ia fait ? Quitte à agir comme si j'étais une pestiférée, j'ai au moins le droit de savoir pourquoi non ?

J'étais totalement perdue. Il ne correspondait plus du tout à l'image que je m'étais fait de lui. Pourquoi réagissait-il si violemment à mon contact alors qu'il aavit l'air si calme ? Je me remémorai la scène sur la plage pour tenter de comprendre ce que j'avais pu dire pour le blesser.

On s'était rencontré, on avait parlé un peu de nos vies, de notre apssé. Il y avait eu ce jeu dans l'eau, ces regards échangés. Je lui avais demandé d'être ami... SOudain, je me souvins de sa réticence à accepter mon amitié. Et moi, aveuglée, je n'avais rien remarqué. Etait-ce pour ça ?

Alex, est-ce que...c'est à cause de moi ? Qu'est-ce que tu ressens pour moi ? Je pensais que ce n'était que de l'attirance physique et... me suis-je trompé ?

Je sentie les larmes me monter aux yeux mais je fis tout mon possible pour les retenir. Hors de question de craquer devant lui, et devant tout ce monde. Si je l'avais blessé, c'était sans le vouloir. Cherchait-il à se venger de moi ? Si c'était le cas, aucun doute, il y était parvenu au delà de ses espérances.

Encore une fois, juste en étant moi, en accordant, ma confiance trop vite, je me sentais trahie. Et le pire, c'est que je ne pouvais m'en prendre qu'à moi même. Quelle gourde de penser qu'il était différent !

Explique moi Alexander ! Si je me suis trompé sur toi, sur tout, dis moi qui es-tu vraiment ? Qu'en est-il vraiment de nous ?

Voilà que j'exigeais en plus des explications. Le mieux était encore de fuir, de partir loin, très loin de lui.

Tu sais quoi ? Toi aussi tu t'es trompé sur moi. Je ne suis pas le genre de fille à attirer les mecs juste pour les repousser. J'ai voulu être honnête, c'est tout. Mais ne t'inquiète pas, je pars. Et je ferais de mon mieux pour ne plus t'ennuyer. Promis.

Je remis mes lunettes de soleil pour cacher les larmes qui s'échappaient malgré mes efforts. Je tournai les talons pour partir. Pourtant, j'espérais encore m'être trompé. Peut-être me retiendrait-il, peut-être... Je me traitai d'idiote une fois de plus.

Je pris une grande inspiration. Je ne me retournai pas de peur qu'il me voit trembler. Peut-être avait-il raison. Peut-être avais-je agis comme c'est fille que je méprisais. Alors oui, il avait le droit de me detester.

Je te l'ai dis l'autre soir. Ce n'est pas dans mes habitudes. Et ce n'était pas mon intention de te blesser et si c'ets le cas, je m'excuse. Je ne t'ai aps repoussé, j'ai voulu être honnête et...

Ma voix tremblait malgré tous mes efforts et je me détestais moi-même pour montrer ma faiblesse. Je me ressaisis. J'enlevai mes lunettes de soleil pour le regarder droti dans les yeux.

Je ne suis aps la fille qu'il te faut. Je susi de celle qu'on apprivoise et qu'on appaise. De celle qui demande de la patience. Et si j'ai appris une chose, c'est que les garçons en général manque de patience et avec moi en particulier.

Je me retournai sûre que cette fois, il ne voudrait plus jamais me revoir.

Debout devant moi, il me barrait la route. J'évaluai les options qui s'offraient à moi. Tenter le passage en force aurait été ridicule. Le raisonner était inutile : il ne me laisserait pas passer avant d'avoir ma réponse. Quant à ce qu'il em demandait, c'était au dessus de mes forces.

Je posai une main tremblante sur son torse, mes yeux étaient suppliants. Les siens se firent insistants, il voulait une réponse.

Ne me demande pas ça. Ne me demande pas de te regarder dans les yeux et de te mentir...

Avais-je perdu la tête ? Il fallait que je parte ! Pourquoi ne pouvait-il pas simplement accepter une relation platonique, sans ambiguité ? Pourquoi demander tout ou rien ? Je lui en voulais de cet ultimatum.

S'il te plaît. Ce n'est pas ce que je veux mais...c'est le mieux pour nous deux murmurai-je dans un souffle.

Je le vis s'éloigner. Mon premier reflexe fut d'abord d'essayer de le rattraper. Mais la voix de la raison me dit, d'au contraire, le laisser partir une bonne fois pour toute. Alex s'en remettrait, j'en étais sûre. Et je n'étais pas prête à abattre les barrières que j'avais mis si longtemps à dresser, pour lui.

Je maudis le soir de notre rencontre. En temps normal, je ne lui aurais même pas parler. J'aurais souris un peu d'un air gênée, hoché la tête timidement et il serait parti. Mais non, ce soir là, il avait fallu que je quitte ma réserve habituelle. Une chose ressortait de cette expérience, la spontanéité, le contact avec les gens ne me réussissait décidément pas.

Ma virée shooping venait d'être abrégée de la pire manière qu'il soit. Je n'avais plus ni envie de faire les magasins, ni de prendre un verre. Je rentrerai simplement chez moi. Je prendrai au moins une dizaine de livres que je dévorerais aussi assidûment que la tonne de chocolat que je devais avoir au fond de l'armoire.

Dans un dernier coup d'oeil, je vis Alex disparaitre au coin de la rue. Il y avait peu de chance que je le revois. L'université était grande, je ne savais même pas quels cours il suivait et je n'avais pas son numéro, ni lui le mien. Au fond, comme je l'avais dit, c'était mieux pour nous deux. Il aurait fini déçu car je ne lui aurais jamais accordé ce qu'il attendait de moi. Autant couper les liens avant de s'attacher vraiment.

En rentrant chez moi, je me demandai à quel moment j'étais devenu aussi cynique et désabusée...