C'est comme dans une photo d'un des plus grands photographes : la femme est là, l'homme l'enlace... Et le petit garçon fait des grimaces! • Alyson M. McCartney & Mickaël McCartney

«Où est-ce que tu as cache les clés de la voiture petit monstre ! »

Cela faisait bientôt une demi-heure que je tournais en rond dans la maison, cherchant en vain les clés de notre voiture. J’étais à moitié persuadée qu’Enzo était le coupable : il avait ce petit sourire en coin, mesquin, qu’il a à chaque fois qu’il fait une farce. J’espérais de tout mon cœur que ce trait de caractère s’effacerait au fur et à mesure des années, car je ne le supporterais pas pendant dix ans.

Après encore dix minutes de fouille, je découvris enfin les clés, dans le bac à jouets d’Enzo. En fait, je crois que c’est de moi qu’il a hérité ce don pour les bêtises et les farces : petite, je passais mon temps en embêter mes parents en piquant leurs affaires et en les cachant. Je comprends maintenant pourquoi ça les exaspérait tant !

« Petit chenapan ! » dis-je en l’attrapant alors qu’il fuyait à quatre pattes.

Je l’attrapais par les hanches et le portais dans mes bras. J’appelais alors Mickaël. Nous allions enfin pouvoir partir !

Quelques minutes plus tard, nous étions arrivés au Golden Gate Park. Une journée en famille nous ferait le plus grand bien ! Depuis la fin des vacances et la reprise des cours, nous avons été un peu overbookés Mickaël et moi. Entre les cours et nos boulots pour payer tous nos frais, nous n’avons pas été très présents pour Enzo. Bien-sûr, nous avons fais le maximum pour passer du temps avec lui, mais ce temps manquait irréfutablement. Alors, maintenant que nous sommes en vacances, nous profitons au maximum de ces moments libres. Nous sommes enfin tous les trois ensembles, car ces derniers temps, ce fût Mickaël et Enzo, Enzo et moi ou Mickaël et moi. Je n’aurais jamais pensé qu’un enfant serait autant de travail. Certes, je savais dans quoi je m’engageais en acceptant cet enfant, mais la vérité est bien plus dure que les idées préconçues!

Je pris Enzo dans mes bras et suivie Mickaël dans le parc. On trouverait bien un endroit sympa où s’installer !

« Cette journée ne pourrait pas me déplaire, tu le sais très bien : chaque moment passé avec toi est plus beau que celui d’avant ! C’est vrai que ces derniers on a tous les deux été un peu débordés ! Je suis heureuse qu’on ait pu se libérer en même temps. » lui répondis-je avant de lui rendre son baiser.

Enzo gazouillait paisiblement sur les genoux de son père, le sourire aux lèvres. Tout avait changé dans notre vie depuis qu’il était arrivé. Certes, nous avions moins de temps pour nous, mais c’était aussi ça le prix à payer pour connaître la joie de la parenté. J’avais muri depuis que j’avais rencontré Mickaël, et le jour où j’avais appris ma grossesse, je me sentais prête à assumer mes responsabilités. En peu de temps, tout avait basculé dans ma vie. Dire qu’il n’y a pas si longtemps que ça j’étais entrain de me lamenter sur mon sort dans un hôpital où j’étais sous antidépresseurs… C’est à vous en faire froid dans le dos !

Je laissai à Mickaël le soin d’installer le pique-nique. Pendant ce temps, je récupérai Enzo et jouai avec lui. Il avait beaucoup grandi en ces quelques mois. Et il ressemblait de plus en plus à son père. J’étais vraiment heureuse d’avoir eu cet enfant avec Mickaël. J’étais persuadé qu’il était l’homme de ma vie et que rien ne changerait.

Je me penchais à vers mon sucre d’orge et lui glissais un tendre « Je t’aime » à l’oreille. J’aimais tellement ces moments-là, aussi simples qu’ils pouvaient être, mais pleins d’amour et de tendresse.

J’expliquais à Mickaël comment se passait les cours pour moi. Je lui racontais les dernières nouvelles, les petits délires que j’avais en cours.

« Oh ben rien de spécial en cours pour moi. Toujours quelques c*nneries de temps en temps évidemment. »

Mais une chose bien plus importante me trottait en tête, à tel point que je mélangeais les mots dans mes phrases.

« Désolée mon amour, j’ai la tête ailleurs. »

Visiblement, Mickaël voulait savoir ce qui me préoccupait à ce point. Je pris alors mon courage à deux mains pour lui annoncer une nouvelle d’une grande importance. J’avais peur de sa réaction, de ce qu’il allait dire, vouloir après qu’il sut. Mais, le voyant insister, je me décidais à tout lui expliquer.

« Et bien, c’est compliqué mon amour. Donc, s’il-te-plaît, ne me coupe pas. Bref. Voilà : l’autre jour, alors que je changeais Enzo, je me sentie prise de nausées. J’ai couru aux toilettes, bref je t’épargne les détails. Mon cœur ne fit qu’un bond. Je pensais être enceinte encore une fois… »

Mickaël changea d’expression. Mais il ne parlait pas, je continuai donc mon histoire.

« Je ne voulais pas t’effrayer pour une petite nausée de rien du tout. Donc je suis allée à la pharmacie, j’ai acheté un test de grossesse. Rentrant à la maison, j’ai passé le test. Et… chéri… il s’avère que je suis enceinte… »

Je souriais tristement à Mickaël, ne sachant aucunement comment il allait répondre à cette nouvelle. Un enfant avait déjà bousculé beaucoup de choses chez nous, dans notre vie. Donc un deuxième, quel impact cela aurait-il sur nous ? J’attendais impatiemment la réaction de mon mari, plus crispée que jamais. J'espérais juste qu'il ne réagisse pas trop mal...